Hubert Heulot, correspondant CCIJP Pays de la Loire.

Carte de presse: le cheminement de vos dossiers

En 2015, les Pays de la Loire comptaient 925 journalistes officiellement encartés, dont 432 rien que pour la Loire-Atlantique. Qui peut avoir la carte de presse? Comment est-elle attribuée? Quels sont les cas litigieux? Le Club de la Presse recevait mardi Hubert Heulot, correspondant régional suppléant de la CCIJP (commission de la carte d’identité des Journalistes professionnels), pour un atelier-discussion sur ces sujets. Résumé.

Comment est née la carte de presse?

“Dans l’histoire de la presse, la guerre 14-18 est très importante”, explique Hubert Heulot. “C’est le moment où l’opinion publique se rend compte qu’on lui a bourré le mou, et où une bataille pour l’indépendance des journalistes se met en place. Bataille qui mène à la loi sur le statut du journaliste, en 1935, puis à la création de la carte de presse en 1936, pour dire qui est, ou n’est pas, journaliste.”

Qui peut avoir la carte de presse?

La carte est attribuée pour la première fois si la personne peut justifier de trois mois consécutifs pendant lesquels la majorité de ses revenus proviennent du journalisme, et que ces revenus correspondent à au moins 50% du SMIC brut. Pour un renouvellement, idem, mais sur toute l’année précédente.

Pour les pigistes et autres cas complexes, l’absence de certificats d’employeurs n’est pas rédhibitoire, si les fiches de salaire sont là. N’hésitez pas à envoyer votre dossier sans elles s’il s’avère complexe de les récupérer auprès des employeurs. Pour les enseignants en journalisme, les revenus tirés de l’enseignement comptent, si les cours sont donnés dans l’une des écoles reconnues par la profession.

Plus de détails sur le site de la CCIJP.

Qui sont les correspondants régionaux de la CCIJP?

Tous les trois ans a lieu l’élection d’un ticket de deux personnes, sur base syndicale. Pour la région Pays de la Loire, l’élue principale est Marie-Jeanne Leroux, journaliste au Courrier de l’Ouest, qui s’occupe des départements de la Mayenne, de la Sarthe et du Maine-et-Loire. Hubert Heulot, journaliste pigiste pour différents groupes de presse professionnelle, est le correspondant régional suppléant, et se charge des dossiers de Loire-Atlantique et de Vendée. Tous deux sont élus SNJ, comme la majorité des autres correspondants régionaux CCIJP. “La CCIJP a quasiment été fondée par des gens du SNJ”, rappelle Hubert Heulot.

Comment sont traités les dossiers?

Chaque journaliste envoie son dossier à Paris. Les correspondants régionaux reçoivent alors un mot avec le nom, le téléphone, l’adresse et les revenus mentionnés dans ce dossier, et doivent donner un avis.

“Moi, j’ai 30 à 40 nouvelles demandes (premières cartes de presse) chaque année”, explique Hubert Heulot. La demande de carte de presse étant personnelle et pas dépendante d’un média, c’est l’adresse personnelle qui détermine quel correspondant régional traite le dossier.

Aujourd’hui, avec la multiplication des titres, sites et statuts, il devient de plus en plus complexe de dire qui est journaliste et qui ne l’est pas.

“La CCIJP s’adapte en permanence aux nouvelles formes d’exercice du métier. Ce que je vérifie:

    • Qui est l’employeur? On vérifie le code APE, la mission de l’entreprise qui doit être d’informer le public. Il peut y avoir des cas particuliers: le magazine d’une association militante peut être reconnu comme organe de presse indépendant, par exemple.
  • L’activité de la personne, et le cadre de son activité. C’est le critère le plus central.
  • La rémunération: est-ce que 50% des ressources de la personne viennent bien du journalisme?”

Ensuite, un avis positif ou négatif est donné par la commission. La CCIJP est une instance paritaire, composée de huit représentants des salariés et de huit représentants du patronat. Ils se réunissent toutes les deux semaines pour statuer sur les cas difficiles.

Sur 37000 cartes de presse en France, 1200 dossiers sont traités en commission. Sur ces 1200 dossiers, 55% sont refusés. “C’est la spécificité de notre métier”, rappelle Hubert Heulot. “Il faut qu’on prouve tous les ans qu’on fait vraiment ce métier.”