La métropole nantaise : un territoire accueillant pour l’investigation !

Mardi 21 novembre 2017, le Club de la Presse Nantes Atlantique, en partenariat avec l’Apcom (réseaux associatif des communicants de l’Ouest), questionnait le journalisme d’investigation en métropole nantaise.

Si l’on s’en réfère à la définition traditionnelle du métier, tous les journalistes font de l’investigation. Rappelons que le travail du journaliste consiste à recueillir, vérifier ou commenter des faits pour les porter à l’attention du public dans les médias. Qu’il s’agisse du chat coincé dans un arbre, d’une manifestation culturelle ou d’un.e élu.e corrompu.e, la rigueur de la méthode est commune à tous les domaines couverts par le journalisme. Les journalistes partagent aussi – en théorie tout du moins – une déontologie. Celle-ci est rappelée dans les différentes chartes, comme celle de Ouest-France : “Dire sans nuire. Montrer sans choquer. Témoigner sans agresser. Dénoncer sans condamner”.

Journalisme d’investigation : un pléonasme ?
Oui, à en croire les différents intervenants de cette table-ronde (1). Pourtant, il existe bien un journalisme dit « d’investigation », que l’on ne saurait comparer aux autres. Le métier de journaliste recouvre des réalités très diverses. L’une des plus prégnantes étant que contrairement à ce que l’on pourrait penser, les journalistes vont assez peu sur le terrain (manque de temps ou de moyens). Ils retravaillent les informations qu’ils collectent sur le web, réalisent des dossiers thématiques ou effectuent des interviews par téléphone. L’enthousiasme suscité par l’arrivée du pureplayer Médiacités à Nantes, après Lyon, Lille et Toulouse indique qu’il existe, sur le territoire, une réelle demande pour une presse d’investigation sur des longs formats. Enthousiasme confirmé par Benjamin Peyrel, l’un des co-fondateurs : « Les ligériens sont près à payer pour de l’info » (6,90€/mois ndlr). Pour autant, on aurait tort de comparer Médiacités et Médiapart. Sur ce point, Benjamin Peyrel est très clair : « Nous partageons le format, le support, la méthode, mais nous ne sommes pas un média partisan. »

Une presse locale demandeuse car dynamique
Médiacités, qui s’intéresse aux pouvoirs locaux (culturels, politiques et économiques), vient donc compléter un panel local riche de 35 rédactions, tous médias confondus. Le dynamisme de la presse en Loire-Atlantique est souligné par Pierre-Marie Hériaud, rédacteur en chef adjoint de Presse Océan. En témoigne la présence, aujourd’hui encore, de ce journal local et de Ouest France. Bien qu’ils soient du même groupe, c’est une chose rare en France, donc précieuse.
L’occasion pour Arnaud Wajdzik, directeur des rédactions départementales de OF, de souligner la complémentarité de ces différents acteurs, à la fois dans le format et dans les informations prodiguées. Sur l’affaire de harcèlement sexuel sur une députée de la République en Marche (révélée par Médiacités) par exemple, Ouest France indique avoir trouvé un autre témoignage au moins aussi intéressant. Ainsi, le mot « concurrence » est soigneusement mis de côté.
Certes, les journaux locaux (Ouest France et Presse Océan) proposent ponctuellement des enquêtes, mais « étant dans une logique de production quotidienne de l’information, nous sommes plus limités ». Ce que confirme Antony Torzec, anciennement rédacteur en chef de Radio Fidélité à Nantes, aujourd’hui journaliste à Médiacités: « Je faisais mes enquêtes de mon côté, en plus des informations journalières. »

Les communicants, acteurs clés de l’investigation
Qu’est-ce qui fait un bon investigateur ? Bien souvent, c’est la qualité de ses sources. Parmi elles, on trouve les communicants, ces intermédiaires avec qui il faut savoir tisser une relation de confiance, presque complice, pour avoir accès aux informations qui nous intéressent. Il faut donc faire preuve de respect mais aussi – peut-être surtout – de discernement car comme le rappelle Antony Torzec : « Lorsqu’un.e communicant.e vous délivre une information, parfois sans que vous lui demandiez, ce n’est pas forcément un cadeau, il y a souvent un intérêt derrière cette démarche, c’est là que démarre, ou pas, le travail d’enquête. »

A l’issue de cette table ronde, compte tenu des invités présents, une question reste en suspend : y a-t- il des femmes dans le monde de l’investigation ?

 

Animation :
Florence Pagneux (CPNA)
Bruno Chene (Apcom)

(1) Invité.e.s :
Antony Torzec (journaliste d’investigation)
Benjamin Peyrel (co-fondateur de Médiacités)
Pierre-Marie Hériaud (rédacteur en chef adjoint Presse Océan)
Arnaud Wajdzik (directeur des rédactions départementales Ouest France)