Le 8 décembre dernier, le Club de la Presse de Nantes Atlantique a organisé son traditionnel apéro de Noël à La Cocotte solidaire. Au programme : du vin chaud, des cadeaux, de la convivialité mais aussi des échanges avec deux piliers du club, Florence Pagneux et Armandine Penna, et un collectif de pigistes qui n’a pas encore de nom.
Quand un collectif de pigiste vient toquer à la porte du club
Lors des dernières 48 heures de la pige qui se sont tenues à Nantes les 16 et 17 juin 2022, l’organisateur de l’évènement, Profession:Pigiste, avait incité les participants à se regrouper localement. C’est de cette idée qu’est né un collectif de journalistes nantais, pour l’instant sans nom et sans adresse, qui se réunit régulièrement au Lieu unique. Son objectif : sortir les pigistes de l’isolement, échanger sur leurs pratiques, créer de l’émulation collective et, à terme, faire des enquêtes en commun et pourquoi pas s’installer dans un coworking. Sa volonté : rester un petit groupe de 15 personnes maximum.
Le CPNA leur a proposé de s’adosser au club, dans un premier temps en les incitant à animer des ateliers pigistes et, au moment de l’assemblée générale en juin prochain, d’intégrer le conseil d’administration.
“Le club est composé essentiellement de pigistes, à plus de 60%“, a indiqué Alexandra Brunois qui préside le CPNA. “Vous avez toute votre place ici.”
Ce que Florence Pagneux avait à nous dire
L’ancienne présidente du Club, par ailleurs correspondante du journal La Croix et pigiste à l’AFP, est revenue sur son expérience d’auteure. Elle vient d’écrire un livre édité par Mer Salée et titré “Ce que nos filles ont à nous dire”.
Premier constat qui a surpris Florence : le succès du livre. Imprimé au départ à 3 000 exemplaires, il va être réédité à 1 500 exemplaires. Pour Florence Pagneux, son ouvrage surfe sur la vague des 5 ans de #MeToo et fait l’objet d’une grosse campagne de promotion. Ses plus belles expériences : l’émission “Le téléphone sonne” à France Inter où elle s’est faite “chouchoute” par une attachée de presse avant sa rencontre avec Fabienne Sintes au journal de France Télévision avec son impressionnant studio.
Deuxième constat : pas facile de mener de front l’écriture du livre (1 an de travail dont 6 mois d’enquête) et son métier de journaliste. Elle n’a pas pris de vacances et a dû négocier 3 semaine de congés auprès de son journal. “J’avais l’impression d’être au pied de l’Everest. Il m’a fallu beaucoup d’énergie pour arriver à le gravir“, a-t-elle confié.
Troisième constat : trouver le bon ton pour raconter toutes ces histoires sans verser dans le reportage d’actualité. “J’ai du m’impliquer personnellement pour m’adresser à mes lectrices“, explique Florence. “Heureusement, j’étais bien accompagnée par mon éditrice.”
Dernier constat : faire des concessions pour obtenir des interviews essentielles comme celle d’un médecin du CHU de Nantes. Celui-ci a exigé l’anonymat et la relecture du chapitre avant sa parution.
Armandine Penna et la jupe rouge
Armandine Penna, fondatrice du Canard social avec Cécile Petident, adhérente du CPNA, et photographe, est venue présenter son travail documentaire sur une petite fille ROM qu’elle a suivie pendant deux ans et qui était en classe avec son fils Séraphin. Ses photos ont été exposées à l’Espace 18 près de Cosmopolis (Ionna et la jupe rouge) lors de la quinzaine photographique de Nantes, du 21 octobre au 22 novembre 2022. La jupe rouge, elle la voit comme un rite symbolique qui permet à une jeune fille de passer dans le monde des adultes. Chez les ROM, ce vêtement se porte pour indiquer sa disposition à se marier. Soit dès l’âge de 13 ans.
Notons que son travail a été finaliste du Prix des nouvelles écritures de Freelens 2020 et Prix du diaporama sonore Diapero 2020.
“J’ai écrit ce diaporama comme un conte avec de la distance, de la poésie et de la couleur“, explique-t-elle.
Après avoir commencé sa carrière plutôt comme rédactrice, Armandine Penna a cultivé son goût pour l’image en s’intéressant aux migrants, aux bidonvilles et aux violences conjugales. Elle exerce depuis 2018 essentiellement comme photographe et risque d’ailleurs de perdre sa carte de journaliste. “Je suis sortie du photojournalisme pour devenir une auteure“, précise-t-elle. Sensible au sort des oubliés, elle cherche à comprendre les préjugés et les traditions bien ancrées, “sans angélisme et sans misérabilisme“, comme elle l’écrit sur son site internet.
“Merci pour vos témoignages et votre implication“, a ajouté Alexandra Brunois. Et de conclure : “Vous êtes des piliers du club de la presse.”
Texte et photos : Thierry Bercault
Légendes : Photo du bas : Les 4 membres fondateurs du collectif de pigistes nantais. Photo du bas : De gauche à droite : Armandine Penna, photographe, Florence Pagneux, journaliste et auteure du livre "Ce que nos filles ont à nous dire", également membres du CPNA, et Alexandra Brunois, journaliste et présidente du CPNA.