Mardi 21 novembre, le Club de la Presse de Nantes Atlantique a invité la direction de France 3 Pays de la Loire à venir présenter la nouvelle grille de rentrée et notamment le lancement de la nouvelle marque ICI. Une trentaine de journalistes étaient présents au Médiacampus à Nantes. Parmi eux, deux représentants du personnel de France 3, qui ne partageaient pas forcément la vision idyllique de leur direction.
Depuis 2019, France 3 et France Bleu ont décidé de renforcer leur collaboration en diffusant des matinales communes. Il s’agissait pour France 3 de filmer la tranche d’information du matin des 44 stations locales de France Bleu et de la diffuser simultanément sur France 3.
Le 17 octobre dernier, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, et la présidente de Radio France, Sibyle Veil, sont allées encore plus loin, en annonçant le lancement d’une marque unique pour unir les deux réseaux d’information. Son nom : ICI.
Par ailleurs, depuis la rentrée, France 3 a mis fin aux éditions nationales du 12/13 et du 19/20 et confié aux 24 stations régionales ces deux tranches d’information renommées ICI 12/13 et ICI 19/20. Objectif pour la direction de la chaîne : renforcer l’autonomie des régions en leur donnant la maîtrise éditoriale sur les contenus.
Comme pour les matinales communes, ces changements ont provoqué des inquiétudes et des mouvements de grève. Dans un communiqué, l’intersyndicale SNJ, CGT et FO a indiqué que France 3 Pays de la Loire avait connu 13 jours de grève depuis le 8 novembre, entrainant des rendez-vous d’information manqués qui se sont ajoutés aux 4 journaux annulés en septembre, faute de scripts.
C’est dans ce contexte que l’échange a eu lieu au Médiacampus. Pour le directeur régional de France 3 Pays de la Loire, Vincent Le Falher, “cette grève tient au fait que les journaux sont plus longs et qu’ils ont une incidence sur l’organisation du travail, les amplitudes horaires et la planification”. Il a reconnu que “certains métiers étaient très sollicités” et il a lancé un appel pour trouver des scriptes.
Mais pour lui, “cette réforme est la plus importante depuis 30 ans” car elle permet à France 3 d’être “identifiée plus clairement comme la chaîne des régions”.
Un point de vue que Guénolé Seiler, le rédacteur de chef de France 3 Pays de la Loire, a partagé. Pour lui, “les régions vont avoir une plus grande autonomie”. Et de citer l’exemple du dernier Vendée Globe où les Pays de la Loire avaient piloté le décrochage national. “Nous avons eu une audience record de 30%, mieux que l’antenne nationale et c’est souvent le cas lorsque nous prenons la main.”
A écouter ces deux responsables, le pari de la régionalisation serait donc réussi. Doublement de l’audience sur le 12/13 avec désormais 80 000 téléspectateurs devant les écrans de France 3, un 19/20 plus regardé que TF1 sur cette même tranche alors que sur le 20H de TF1 est devant celui de France 2, et des émissions valorisant plus les territoires comme «Les gens d’ici» ou «Ca se passe ici».
Au contraire, pour Eléonore Duplay, élue CGT, et Christophe Amouriaux, élu FO, présents lors de cet échange, “tout ne va pas bien : équipes épuisées, sujets fabriqués à Paris sans lien avec la région, conduite à marche forcée, sans concertation”. La liste des griefs recensés dans le communiqué de l’intersyndicale est longue.
Quant au regroupement avec France Bleu, la direction de France 3 Pays de la Loire compte bien le mettre en musique lors des JO 2024 et du prochain Vendée Globe.
“On aimerait s’afficher ensemble“, a avoué Vincent Le Fahler. “Il s’agit d’une collaboration, pas d’une mutualisation ni d’une fusion des rédactions.” Du moins pour l’instant car il n’a pas exclu pas qu’à terme la plateforme numérique commune ICI fasse l’objet d’un “pilotage” ou d’une “coordination”. Pour l’heure, il ne s’agit que d’une “agrégation des contenus”.
“L’exemple, c’est France Info“, a précise Guénolé Seiler. “Tantôt c’est Radio France qui produit, tantôt c’est France Télévision”.
L’avenir dira si cette unification des réseaux France Bleu et France 3 région est une stratégie payante et quel est le prix à payer en terme d’emplois et de conditions de travail.
Texte et photos : Thierry Bercault