Le Tribunal Administratif de Nantes s’est prononcé en référé le 7 février et ses ordonnances sont plutôt “décevantes” pour le SNJ et le SAF (le Syndicat des Avocats de France) qui plaidaient la cause des journalistes afghans comme intervenants volontaires.
Sur les 16 dossiers examinés individuellement, seulement 3 ont été reconnus comme “urgents” et doivent faire l’objet d’un réexamen par le Ministère de l’Intérieur d’ici le 7 mars. Il y a fort à parier que leurs demandes de visa au titre de l’asile soient rejetées. Dans 10 autres cas, le Tribunal n’a pas retenu l’urgence et donc les journalistes vont devoir patienter au moins un an avant que leurs dossiers ne soient étudiées par le Tribunal. Ils ont plus de chance d’être expulsés vers l’Afghanistan avant que la justice ne se penche sur leur situation que de pouvoir rester dans les pays où ils se sont réfugiés, à savoir l’Iran ou le Pakistan.
Des décisions surprenantes et contradictoires
Pour Alice Benveniste, l’avocate du SNJ et du SAF, ces décisions de justice sont d’autant plus “surprenantes” que les décisions sont parfois “contradictoires entre elles“. Elle s’attendait à ce que le Tribunal Administratif définisse clairement les critères de l’urgence, d’autant que c’était Christophe Hervouët, le Président du Tribunal lui même, qui présidait l’audience le 28 janvier. Cela n’a pas été le cas. Le flou persiste sur ce que la justice considère comme une situation d’urgence.
3 visas déjà accordés avant le référé
Seule bonne nouvelle : sur les 16 journalistes, 3 ont obtenus un “visa au titre de l’asile”, c’est à dire qu’ils vont pouvoir rejoindre la France pour enfin effectuer leur demande d’asile et probablement obtenir leur asile politique. Mais ces visas ont été accordés par le Ministère de l’Intérieur avant l’audience à Nantes. Donc ce n’est pas la justice qui a tranché.
Rappelons que c’est en juin 2024, lors des élections européennes et législatives, que le Ministère de l’Intérieur avait changé d’attitude. A ce moment là, de nombreux journalistes afghans s’étaient vus refuser en bloc leurs demandes de visa alors qu’auparavant, elles étaient accordées pour les protéger du retour au pouvoir des Talibans.
Un éventuel recours auprès du Conseil d’Etat
Pour les 10 dossiers recalés, un recours auprès du Conseil d’Etat est envisagé sans aucune garantie que cette juridiction ne l’examine. Il existe de nombreux filtres avant que le Conseil d’Etat ne se saisisse de l’affaire.