Des journalistes pointent l’omerta qui règne dans l’agroalimentaire breton

Près de 250 journalistes, qui travaillent majoritairement pour des médias nationaux, ont adressé une lettre ouverte à Loïg Chesnais-Girard, président de la Bretagne. De quoi pointer les difficultés d’informer correctement sur un secteur omniprésent dans cette région : l’agroalimentaire.

Rendue publique lundi 25 mai 2020, cette lettre fait état de journalistes poursuivi·es en diffamation ou mis·es au placard pour leurs enquêtes, d’articles censurés ou encore de subventions municipales coupées. Les signataires évoque entre autres le cas d’Inès Léraud, cette journaliste et co-auteure de la bande dessinée “Algues vertes, l’histoire interdite” qui a longuement enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne et subi des pressions.

La lettre que vous avez sous les yeux est l’expression spontanée et déterminée de journalistes qui s’organisent pour faire la lumière sur toutes les zones d’ombre qui entourent l’agro-industrie bretonne

Lettre de journalistes et professionnel·les de la presse adressée à la Région Bretagne

Les signataires demandent ainsi au Conseil régional de Bretagne de “contribuer à garantir une information et une parole publique libres sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne”. Ils demandent également “expressément” de contribuer à la création d’un observatoire régional des libertés de la presse. Il s’agit, précisent-ils, “de réunir les conditions d’une information transparente et intelligible par tous les Breton-nes” et de “permettre l’écoute et la protection de journalistes qui viendraient à être inquiété-es pour leurs travaux”.

La réponse de la Région

En retour, Loïg Chesnais-Girard a répondu sur son compte twitter : “Je veux dire aux journalistes que, pour moi, c’est oui !” L’élu régional dit être d’accord pour “contribuer à garantir une information et une parole publique libre, sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne, comme sur n’importe quel autre sujet”.

Il certifie par ailleurs que tous les journalistes peuvent interroger la Région, “en toute transparence et indépendance, à chaque fois que cela est nécessaire”. “J’en serai le garant, et je suis prêt à répondre de tout manquement à ces principes”, assure-t-il.

“La liberté de la presse n’est ni anecdotique ni à géométrie variable.”

Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne

Il s’engage également à amplifier le soutien de la région aux lieux de formations universitaires à l’information en Bretagne, citant l’IUT de journalisme de Lannion.

Enfin, concernant l’observatoire régional indépendant des libertés de la presse, Loïg Chesnais-Girard dit être “disponible” pour accompagner sa création. “La liberté de la presse est un droit constitutionnel non négociable, et je m’engage à participer, à mon niveau, au démantèlement de toutes les autocensures qui empêchent les journalistes de travailler sereinement”, conclut-il.