De l’autre côté du miroir avec Didier San Martin

Nouveau mois, nouveau portrait… Après Mathilde Leclerc et Valérie Bridard, c’est Didier San Martin qui a accepté de jouer le jeu du journaliste interviewé !

 

Journaliste, reporter, photographe, romancier, scénariste BD… ton profil Linkedin est riche Didier ! Est-ce que tu peux nous raconter ton parcours professionnel ?

Didier San Martin par Jacques Le Corre

Tout gosse, je voulais réaliser des BD puis être romancier. Mais les adultes m’ont bien expliqué – et ils ont eu raison ! – que l’on ne pouvait pas vivre de ces métiers. Alors, vers 15 ans, j’en ai choisi un autre, relativement proche, celui de journaliste. Je voulais tellement le devenir que j’ai même réussi, pendant mon armée, à le pratiquer en tant que correspondant militaire à Presse Océan ! Après mon service, je suis resté pigiste dans ce quotidien pendant 2 ans. En parallèle, j’ai intégré à temps partiel le magazine Plein Ouest (j’y suis resté 26 ans) et suis devenu pigiste économique à Ouest France (10 ans). Aujourd’hui, je suis correspondant grand ouest du Quotidien du Tourisme(depuis 2001). J’ai aussi en charge la rubrique économique du magazine de golf Mulligan (depuis 2015) et récemment, je suis pigiste régulier au Journal des Entreprises. En même temps, j’exerce la profession de photographe. Je couvre notre belle planète pour le Quotidien du Tourisme et pour la banque d’images Adobe Stock. Je réalise aussi mes rêves de gosses : j’écris des romans, édités chez Siloë puis en poche chez Coop Breizh, je préside l’asso Les Romanciers Nantaiset, avec le dessinateur nantais Philbé, je fais des BD !

 

Tu es un membre historique et fidèle du CPNA ! Qu’est que cela t’apporte de participer aux différents rendez-vous que propose le club ?

Tout d’abord, de magnifiques rencontres. Je suis clairement un affectif. J’ai besoin d’apprécier les gens pour travailler avec eux. Croiser des confrères c’est bien, les voir de temps à autres au Club de la Presse, c’est mieux. Mais rien ne remplace le rapprochement qui s’effectue au sein du Conseil d’Administration. On se retrouve en petits comités une bonne douzaine de fois dans l’année pour résoudre moult problématiques, faire avancer le Club, aider les adhérents. Ça permet vraiment de tisser des liens. Grâce à tout cela, je compte parmi les membres du club de véritables amis. Les échanges du CPNA permettent aussi d’y voir un peu plus clair sur notre époque, notre profession, de progresser sur certains savoir-faire et technologies. Et puis, lors de coups durs, le Club peut aussi être présent. Lorsque, suite à un changement de direction, l’un de mes employeurs a décidé de transformer son magazine en outil de communication, qu’il a souhaité remplacer les journalistes par des communicants sans pour autant parler de suppression de postes, les présidents successifs du CPNA et plusieurs membres m’ont soutenu très vigoureusement pour que je puisse quitter la structure la tête haute.

 

Quelle vision as-tu de ton métier aujourd’hui ? Comment le vois-tu évoluer dans 5 ou 10 ans ?

Pendant plusieurs années, notamment dans le cadre des opérations du CPNA, j’intervenais dans les écoles pour parler de notre métier. Depuis 2010 j’ai arrêté. Je ne sais plus quoi leur dire, aux gamins. L’arrivée d’Internet a habitué les lecteurs à avoir tout, tout de suite et gratuitement. Les journaux classiques perdent un grand nombre d’abonnés et donc d’entrée d’argent. A cela s’ajoute la dilution du marché publicitaire. Avant, pour communiquer, une entreprise avait le choix entre la presse (écrite, TV, radio), l’affichage et le cinéma. Aujourd’hui, la publicité est diluée sur les réseaux sociaux et une multitude de sites internet, ce qui représente un autre manque à gagner pour la profession. Quelles sont alors les solutions ? Diminuer les salaires – à travail égal, nos revenus ne cessent de diminuer. Mais cela ne suffit pas.  Mettre des contenus payant sur internet ? On y arrive doucement, c’est une piste. Que des groupes industriels investissent ? C’est déjà le cas mais comment assurer la liberté de la presse lorsqu’un actionnaire ou l’un de ses clients est impliqué dans une affaire ? Que l’État ou les collectivités investissent ? Pourquoi pas, mais quel garde-fou pour assurer la liberté d’expression ? Albert Camus disait : « Un pays vaut par ce que vaut sa presse ». Alors si on veut que notre pays continue à valoir beaucoup, il faudra bien trouver une solution.

Merci Didier d’avoir accepté de te prêter au jeu du “journaliste interviewé”