Selon les résultats d’une étude menée conjointement par une association et un centre de recherche américains, et traduite par Reporters d’Espoirs, le journalisme de solutions apporte une information plus exhaustive au public et renforce son intérêt pour l’actualité.
Les « héros » de La Croix, les « bonnes nouvelles » du Parisien ou la 9e édition du « Libé des Solutions » attestent de l’intérêt grandissant des médias pour le journalisme de solutions. Au mois d’octobre déjà, Reporters d’Espoirs, association initiatrice de cette démarche, avait donné le tempo en rassemblant de manière inédite en France 30 médias généralistes (TF1, Libération, France télévisions, Ouest France, La Voix du Nord, L’Express, l’Obs, France Info, Nice Matin…) pour la première « semaine des solutions », opération que l’association reconduira en octobre 2016.
La tendance du « journalisme de solutions » dépasse les frontières de l’Hexagone. Son développement aux États-Unis a poussé l’association Solutions Journalism Network et le centre de recherche texan Engaging News Project à conduire une étude sur sa réception par le public en 2014. L’étude intitulée « Le pouvoir du journalisme de solutions » se base sur une analyse comparative.
Sur un échantillon de 755 Américains adultes, une partie a été confrontée à un article qui se concentrait exclusivement sur un problème (les effets d’expériences traumatiques sur les écoliers américains ; le manque de logement dans les villes américaines ; et la pénurie de vêtements chez les pauvres en Inde), tandis que l’autre partie des sondés lisait une version augmentée du même article évoquant une solution potentielle au problème soulevé.
Les résultats de l’enquête montrent que le lecteur intègre mieux l’information dans la version « solution » : il estime avoir davantage compris et mémorisé le sujet, ce qui aiguise sa curiosité. L’originalité et la plus-value de l’article sont plus souvent mises en avant par les lecteurs de l’article orienté solution.
Les chercheurs estiment que la démarche « problème-solution » pourrait avoir des retombées bénéfiques pour les organes de presse en termes de confiance et de fidélisation.
Les lecteurs de la version solution ont davantage envie de lire d’autres articles du même auteur, du même journal, ou sur le même thème que les lecteurs de l’article dépourvu de solution. L’envie de partager la lecture avec leur entourage ou sur internet était aussi plus forte. Enfin, ils se sentaient plus optimistes, plus aptes et/ou enclins à agir pour résoudre le problème.
Cette étude vient corroborer le travail initié dès 2004 par Reporters d’Espoirs, dans un contexte où les médias eux-mêmes, en plus du lectorat, sont de plus en plus demandeurs de solutions. « Il s’agit pour nous journalistes, de retranscrire la réalité dans sa complexité, faite à la fois de menaces et d’opportunités, de dysfonctionnements et de résilience, et de prise d’initiative » précise Gilles Vanderpooten, directeur de l’association.
Lire l’étude dans son intégralité.