Communiqué de presse – 24 avril 2016
Mercredi 20 avril, lors de la manifestation contre la loi Travail, à Nantes, des journalistes et des manifestants ont remarqué la présence d’un bien étrange photojournaliste aux côtés des hommes de la BAC (brigade anti-criminalité). Cette personne portait un casque barré du mot “Presse”. Interrogé par des confrères qui couvraient la manifestation, il s’est présenté comme “journaliste”, tout en refusant d’apporter plus de précisions.
Circonspect, le Club de la Presse Nantes Atlantique a sollicité le DDSP (directeur départemental de la sécurité publique) pour tenter de faire la lumière sur cet étrange “journaliste”. Le DDSP de Loire-Atlantique a indiqué ne pas être au courant de la présence de ce photojournaliste grimé, qu’il n’avait donné aucune autorisation en ce sens et que ce n’était pas un agent de police. Sans savoir qui c’était, comment pouvait-il être aussi affirmatif ?
Vendredi matin, son service communication a précisé par écrit qu’il s’agissait d’un “photographe indépendant qui souhaitait suivre la BAC et les prendre en photo” et que seuls des fonctionnaires de police avaient été pris en photos, après visionnage. Ce qui prouve que la police nationale est bel et bien en possession de ces clichés.
À la demande du CPNA (demande relayée par le DDSP), le mystérieux photojournaliste nous a finalement téléphoné, vendredi soir, en numéro caché et en refusant de décliner son identité. Celui-ci s’est présenté comme un intermittent du spectacle, ancien danseur professionnel. Ce serait un ami, membre de la BAC, qui l’aurait invité à l’accompagner à cette manifestation pour faire ce “reportage photo” tout en lui conseillant d’apposer “Presse” sur son casque pour éviter d’être caillassé. Il a nié avoir pris des manifestants ou des casseurs en photo. Ce grimage en journaliste, il le reconnaît “c’est illégal”, mais il préfère parler de “bêtise de gamin”.
La police refusant également de révéler son identité, le doute subsiste donc. Le malaise et le secret autour de cette affaire ne font que renforcer ce doute raisonnable. Il y a deux ans, suite à une manifestation contre Notre-Dame-des-Landes émaillée de violences, nous avions rencontré le DDSP. Celui-ci se plaignait de la difficulté pour les forces de l’ordre de repérer “les vrais et les faux journalistes”. Cette fois, c’est la police elle-même qui entretient volontairement la confusion.
Étant donné les circonstances, les silences et les informations contradictoires, le Club de la Presse Nantes Atlantique se réserve le droit de porter plus loin cette affaire. Nous appelons également nos confrères et consœurs à la plus grande vigilance, lors des prochaines manifestations. Ceci nous paraît essentiel au bon exercice de notre métier.
Le conseil d’administration du CPNA.