Des journalistes et rédacteurs en chef de CNN, de la BBC, de Thomson Reuters, de Trinity Mirror et de News UK sont d’avis que les “robots-journalistes” n’ont pas beaucoup de flair pour aller chercher l’information et qu’ils produisent des articles unidimensionnels, selon un nouveau rapport publié le 3 mars 2017 dans la revue scientifique internationale Digital Journalism.
Manque de contexte et de créativité
Selon les utilisateurs, la dépendance du journalisme automatisé aux flux de données et la nécessité de programmer à l’avance des angles journalistiques signifient que les articles produits manquent de contexte, de complexité et de créativité par rapport au journalisme traditionnel. Témoignant de son expérience d’utilisation d’un logiciel d’écriture, un journaliste de la BBC déclarait qu’il n’aurait “jamais, au grand jamais, rédigé un tel article”. Un autre, journaliste sportif chevronné de CNN, a qualifié le texte produit de “irréfléchi et répétitif”.
Difficile à mettre en place dans les rédactions
Les journalistes interrogés pensent aussi que la nécessité de planifier à l’avance les articles écrits de manière automatisée est un inconvénient. L’un d’eux, travaillant à la BBC, a déclaré : “Vous ne pouvez pas obtenir de réaction à propos des chiffres rapportés, vous ne pouvez rien leur expliquer ou leur demander, parce que la trame de l’article a été écrite avant que les données chiffrées ne sortent”, et a conclu, après avoir personnellement utilisé la technologie d’écriture robotisée, qu’il était inutile pour la BBC de poursuivre ses recherches sur cette technologie.
Malgré ces lacunes, les journalistes sont d’avis que le robot-journalisme peut potentiellement réduire les coûts et augmenter la vitesse et la spécificité d’un certain type de journalisme.
Et l’objectivité journalistique dans tout ça ?
Un journaliste de The Sun a affirmé que cela pourrait permettre de “présenter les faits bruts”, sans la “manipulation” du journalisme humain, ce qui, à ses dires, pourrait être “un assez bon outil pour la démocratie”. Au contraire, un autre journaliste, travaillant à la BBC, s’est inquiété du fait que l’important volume de contenu qu’il est possible de produire avec l’automatisation pourrait faciliter l’influence d’individus ou d’organisations sur la ligne éditoriale.