Sensibiliser aux fake news, tout un art

Informations mensongères, tronquées, déformées… Des artistes se sont approprié le phénomène des fake news, leurs mécanismes comme leur diffusion. Le rendu ? Une exposition insolite à découvrir à Paris, jusqu’au 30 janvier 2022. Pour de vrai !

« Fake News » ! Popularisée par un ancien président américain, l’expression demeure terriblement d’actualité en ces temps de pandémie. Comme les virus, les fausses informations se propagent entre individus, voyagent d’un pays et même d’un continent à un autre. Jusqu’au 30 janvier 2022, elles font l’objet d’une exposition déroutante, dans les murs de la Fondation EDF, à Paris. Son nom : Fake News, Art, fiction, mensonge.

Son concept : convoquer l’art pour sensibiliser au phénomène, le comprendre et (tenter de) lutter, aussi. En effet, souligne Laurent Bigot, commissaire de l’exposition, maître de conférences, directeur de l’Ecole publique de journalisme de Tours : « comme l’information a ses méthodes, la désinformation a aussi ses procédés ». Elle se fabrique en somme. Ou comment montrer ce qui pourrait être une réalité mais qui ne l’est pas. Le visiteur y est d’ailleurs rapidement confronté : un écran de télévision diffuse des images d’une ville en ruines, détruite par des bombardements. Quelques pas, avant de découvrir… une maquette de l’artiste Alain Josseau, posée sur un plateau tournant, devant une caméra fixe. Le tout sur le fameux fond vert qui permet les incrustations !

Faux embouteillage…

La fabrication donc mais aussi la diffusion. Saviez-vous que le fait de « retenir sa respiration pendant 10 secondes (était) un bon test pour savoir si vous aviez la Covid-19 ? ». Née à Taiwan le 12 février 2020, cette fausse information a gagné les Etats-Unis, le 10 mars, puis la France le 11 et encore le Danemark le 12, comme nous le montre une étonnante data visualisation du Poynter Institute (Floride) ! Sous l’effet des clics, like et autres partages, « les rumeurs ne meurent pas. Elles voyagent », lit-on. Angoissante également, cette borne numérique de l’artiste et informaticien Fabrice Suchet qui a créé un réseau social fictif et parodique qui « génère en temps réel ses propres utilisateurs, leur profil, leurs propres publications, grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle ». Drôle enfin, cette performance de l’artiste allemand Simon Weckert, qui a totalement dupé l’algorithme de Google Maps, faisant croire à un embouteillage monstre dans une rue de Berlin… totalement vide.

Education aux médias…

Et, en face ces fake news, quels « remèdes » ? Quels moyens de lutte ? Dans cette partie, moins de créativité malheureusement… Mais à un appel à une forme de responsabilité individuelle, à travers cinq questions à se poser « pour décrypter les informations qui circulent sur Internet » :

  • Qui est à l’origine de l’information, de la photo, de la vidéo ?
  • Le message est-il particulièrement anxiogène ?
  • Ce contenu repose-t-il sur des sources fiables ?
  • Cette information se trouve-t-elle aussi dans des médias professionnels ?
  • Ce texte ou cette image n’a-t-il pas été utilisé auparavant, dans un autre contexte ?

Et un espoir aussi, nommé éducation aux médias, pour les petits comme pour les grands ! Sans oublier le rôle des journalistes bien sûr, ne serait-ce que pour travailler sur la confiance des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs.

En pratique : Exposition Fake News, Art, fiction, mensonge, à l’Espace Fondation EDF, 6, rue Juliette Récamier, 75007 Paris. Entrée gratuite sur réservation (https://fondation.edf.com/evenements/fake-news/) du mardi au dimanche.