Pour son apéro de rentrée le 20 octobre dernier, le Club de la Presse Nantes Atlantique a invité à La Centrale (Nantes) des médias locaux indépendants : Médiacités, Les Autres Possibles et SUN. L’occasion de faire le point sur leur rentrée et leur santé économique.
Pas facile d’exister lorsque l’on est un média indépendant et que l’on ne veut dépendre d’aucune publicité et d’aucune subvention comme Médiacités, un média d’investigation basé sur les grandes métropoles comme Nantes, Lyon, Toulouse et Lille. “Après 6 ans d’existence, on est toujours sur le fil du rasoir”, reconnaît Benjamin Peyrel, le rédacteur en chef. “Notre modèle économique repose uniquement sur nos abonnés.”
Médiacités en quête de pigistes et de nouveaux abonnés
Médiacités cherche 2 000 nouveaux abonnés avant la fin de l’année pour trouver son point d’équilibre, soit 8 000 abonnés en tout contre 5 500 abonnés aujourd’hui. Pourquoi si peu ? Manque de moyens financiers ? Habitude du lecteur à la gratuité ? Toujours est-il que ce poil à gratter qui s’attaque aux pouvoirs en place a montré son utilité. Alors à votre bon cœur si vous voulez défendre les enquêteurs. Vous pouvez vous abonner pour 7 euros par mois et 60 euros par an.
Médiacités est aussi à la recherche de nouvelles collaborations pour renforcer son équipe de 12 salariés et 150 pigistes. “Nous ne sommes pas une rédaction fermée“, rappelle Benjamin Peyrel. “Au contraire, nous sommes ouverts à toutes les propositions d’enquête et même à imaginer des investigations sur des sujets qui ne sont pas forcément dans notre ligne éditoriale.”
Un nouveau guide pour Les Autres possibles
Mêmes préoccupations pour Les Autres Possibles et son équipe de 6 salariés. Le magazine qui va fêter ses 6 ans le 24 novembre à l’Askip a été fragilisé par la crise sanitaire. Pour se relancer, il sort une deuxième édition de son guide titré “Nantes durable et solidaire” avec 600 adresses pour se ravitailler, s’équiper, sortir et se promener autour de Nantes. Le premier avait connu un réel succès avec 6 000 exemplaires vendus. Gageons que le deuxième suive le même chemin.
Comme Médiacités, Les Autres Possibles se positionnent sur le terrain de l’enquête mais avec un regard décalé et une finalité différente : réfléchir à des solutions alternatives. “Nous ne pratiquons pas le journalisme de bonnes nouvelles“, précise Marie Le Douaran, chargée du développement local et ancienne journaliste à L’Express. “On enquête sur les porteurs de solutions et on regarde ce qui marche ou ne marche pas.”.
Depuis le début de l’aventure, le pari éditorial de ce média repose sur une écriture innovante basée sur des cartographies esthétiques. Pour chaque numéro, il fait appel à un artiste différent. “On veut que ces cartes soient belles pour que nos lecteurs s’approprient le territoire et qu’ils aient envie d’agir“, indique Marie Le Douaran. Avec 1 300 abonnés et 3 300 exemplaires vendus, Les Autres Possibles continuent donc leur route.
SUN et sa nouvelle plateforme musicale
Quant à SUN, la radio au son unique créée il y a 26 ans, sans publicité et toujours à la pointe de la technique, elle fait sa rentrée avec une nouvelle plateforme numérique où se côtoient près de 250 000 titres. “Nous sommes le Spotify régional“, affirme en souriant Eva Jarnot, chargée des partenariats. “On archive tout ce qui se produit sur le territoire.”
Avec 17 000 auditeurs par jour, SUN se classe dans la catégorie des radios associatives les plus écoutées de France, en tout cas la première en Pays de la Loire. Elle emploie 8 salariés et forme 80 bénévoles aux métiers de la radio. “Nous avons vocation à faire émerger des talents musicaux“, indique Julia Vastel, l’une des deux journalistes permanentes basée à Nantes.
La rédaction produit chaque midi un journal d’actu régionale “L’actu à l’Ouest”, avec des interviews d’acteur.trices de la région, tous domaines confondus, et propose une couverture en ligne de l’actualité locale, sous forme d’articles ou de reportages. Enfin, elle accompagne d’autres producteurs d’émissions et de chroniques, diffusés à l’antenne et à retrouver en podcast. Sans oublier des actions d’EMI principalement dans le Maine-et-Loire.
Implantée à Nantes, Cholet, Saint-Nazaire, La Roche-sur-Yon et bientôt à Angers, SUN recrute et se porte bien grâce aux soutiens du Fonds à l’expression radiophonique local, de la région, du département, des villes de Nantes et Cholet mais aussi grâce au mécénat. L’autofinancement représente, par ailleurs, 30% de ses ressources et comprend notamment le soutien de ses auditeurs via une campagne de dons annuelle.
Texte et photos : Thierry Bercault