Apéro de rentrée : quand les journalistes globe-trotteurs livrent leurs expériences

Lundi 25 septembre, 3 adhérents du Club de la Presse Nantes Atlantique sont venus échanger avec d’autres journalistes sur leurs voyages à l’étranger : Marie Hérault, pigiste au Figaro Immobilier qui revient d’un périple en famille de 3 mois en Asie, Antony Torzec, ancien Président du CPNA,  aujourd’hui rédacteur en chef à Médiacités Nantes, parti faire un tour du monde pendant un an avec sa femme et l’un de ses fils, et Samuel Hauraix, spécialiste de l’Iran et correspondant pour Ouest France et Réforme, qui depuis 2 ans n’a pu se rendre sur place pour écrire ses papiers.

Marie Hérault : une super expérience, à refaire quand le budget sera réuni

 “Ce voyage en Asie (Vietnam, Thaïlande, Bali), je l’avais en tête depuis longtemps mais j’ai commencé à le préparer il y a 4 ans. Avec mon mari, nous avons mis de l’argent de côté pour le réaliser avec nos deux enfants de 6 et 9 ans. J’en ai parlé à mes employeurs 8 mois avant mon départ. Certains m’ont encouragée, d’autres m’ont demandé de trouver des solutions de repli et je leur ai proposé des consoeurs pour assurer l’intérim.

Cette parenthèse dans ma vie a été un luxe.

Marie Hérault, journaliste pigiste pour Le Figaro Immobilier

 Je suis parti avec l’objectif de slow travel, autrement dit voyager en prenant mon temps, sans tout programmer et sans vouloir nécessairement exercer mon métier de journaliste. J’ai quand même écrit des articles sur place, ce qui m’a permis de rencontrer des agents immobiliers et des promoteurs locaux, une opportunité qui m’a permis de concilier curiosité et découverte.

    Cette parenthèse dans ma vie a été un luxe. J’ai pris du temps pour vivre autrement et m’échapper de mon rythme effréné. Le retour a été plus compliqué car j’avais la peur du vide. J’ai commencé à reprendre contact avec mes employeurs à la fin du voyage et j’ai redémarré à fond. J’aimerais réguler mon activité professionnelle mais pour l’instant je n’y arrive pas.

   Je suis fière d’avoir réussi ce projet qui me tenait à cœur. C’était une super expérience. Je retenterais bien  l’aventure mais à 4, c’est un certain budget. On va attendre un peu.

Antony Torzec : un tour du monde qui donne envie de repartir et qui change le regard sur la vie

“Je me retrouve beaucoup dans ce que Marie vient d’évoquer. Moi je suis parti un an avec l’idée de me couper du monde du travail. J’avais déjà beaucoup voyagé en mode routard avec mes deux enfants et ma femme. Mais là, comme nous partions plus longtemps, il fallait être sûr que chacun y trouve son compte et vive son rêve.

 Moi je tenais absolument à aller au carnaval de Rio. Ma compagne voulait voir les jardins fleuris au Japon et mon fils, futur étudiant en BTS environnement nature, voulait réaliser une mission en éco-volontaire. Nous avons donc fait des compromis. En Equateur, par exemple, nous avons vécu 3 semaines dans un centre de soin d’oiseaux sauvages. Mon fils a adoré. Moi, ramasser la merde des oiseaux, ce n’était pas mon truc ! Mais j’y suis quand même allé. Et là je me suis rendu compte que l’humain était supérieur à l’animal. Ce que nous avons fait pour eux, jamais ils ne l’auraient envisagé pour nous (rire  dans l’auditoire). Chaque fois qu’il y avait un désaccord sur notre destination, nous votions. Comme on était trois, la décision s’imposait forcément.

   Avant de partir, nous avions prévu des points de chute mais rien n’était vraiment planifié. Nous prenions par exemple nos billets d’avion au fur et à mesure de l’avancée de notre périple. Aujourd’hui, c’est tellement facile de voyager grâce aux forums sur internet et aux réseaux sociaux. D’ailleurs, on a été frappés par le nombre de jeunes qui voyagent. L’ennui, c’est qu’on va tous aux mêmes endroits. Or, nous on voulait sortir des sentiers battus et des circuit touristiques.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est d’abord qu’il est  plus facile de travailler à l’étranger que chez nous en France.

Antony Torzec, rédacteur en chef pour Médiacités Nantes

    Question budget, on a vécu avec 13 000 euros par personne pendant un an. On mangeait pour 5 à 6 euros par jour et par personne. Il faut dire qu’on était souvent logés gratuitement en échange d’un travail. Par exemple, en Guinée, on a accompagné un migrant que l’on connaissait depuis 5 ans et qui s’était installé comme agriculteur. On voyageait en bus et en train. On vivait comme les locaux. Et comme j’avais été licencié d’une radio après 20 ans d’ancienneté, j’avais pu me constituer un bon capital.

     Ce que je retiens de cette expérience, c’est d’abord qu’il est  plus facile de travailler à l’étranger que chez nous en France. Quand j’ai enseigné en Afrique, on ne m’a pas demandé si j’avais des diplômes. Je n’ai pas été empêché par un règlement administratif. Mais surtout, j’ai changé ma façon de voir la vie. Je n’accepterais plus jamais de travailler avec la boule au ventre ou en passant des nuits blanches. J’ai compris que je devais prendre soin de moi. D’ailleurs, j’ai beaucoup hésité à prendre ce poste de rédacteur en chef à Médiacités. C’est beaucoup de responsabilités. C’est sans doute le dernier défi professionnel que je me lance.

      Ce qui m’empêche de repartir aujourd’hui, c’est mon fils qui va faire ses études supérieures. Dans 3 ans, on verra. Peut-être que j’irai monter un commerce à l’étranger avec ma femme. En tout cas, cette expérience a été un vrai luxe. Pendant un an, j’ai vécu sans travailler, sans regarder ma montre, sans être obligé d’aller faire des courses alimentaires, de laver mon linge, une vie de milliardaire mais sans les milliards (nouveaux rires dans la salle).

      En tout cas, si je peux donner un conseil, il ne faut jamais partir pour s’échapper de son quotidien car, au retour, les emmerdements sont toujours là.

Texte et photos : Thierry Bercault