Si tu ne viens pas à l’information, l’information viendra à toi. Ce pourrait être le slogan de la Caravane des médias, une initiative de l’association Carmen (1) soutenue par la DRAC des Hauts de France. Objectif ? Faire de l’éducation aux médias en direction des publics éloignés des centres urbains. Focus sur cette expérience menée tous les étés depuis 3 ans. Un projet de référence pour le Ministère de la Culture.
Un studio mobile et insolite, abrité dans une caravane, qui part en tournée dans des villages de la Somme et de l’Oise. Voilà à quoi ressemble cette opération de médiation originale baptisée “La Caravane des médias”. Laquelle s’installe sur les places publiques à proximité d’une école ou d’une bibliothèque. A son bord, 3 journalistes prêts à expliquer, analyser, partager leur métier d’informateurs. Bref à faire de l’éducation aux médias. Ils invitent les habitants de tout âge à débattre mais aussi à pratiquer le journalisme en réalisant des vidéos.
Changer le regard
Ces échanges offrent l’opportunité de changer le regard de ces populations, vivant en milieu rural et peu habituées à croiser des journalistes, sur la profession, de lutter contre leur méfiance vis-à-vis des médias et de déconstruire des stéréotypes. L’expérience a vocation à enclencher une dynamique, à découvrir d’autres façons de s’informer que le journal local ou le café du coin.
Une initiative qui a toutefois ses limites, d’après Clémence Boulfroy, la directrice de l’association Carmen, à l’origine de cette opération. “L’immersion est trop courte pour arriver à changer le monde et elle ne permet de toucher que 150 à 200 personnes par semaine”, constate-t-elle avant d’ajouter : “Mieux vaut jouer la qualité que la quantité.“
Coût de l’opération : 5 000 à 6 000 €
Autres conseils qu’elle adresse à ceux qui voudraient tenter une expérience similaire : bien préparer sa venue en demandant aux mairies l’autorisation de s’installer et bien sûr obtenir un financement. Coût de l’opération : 5 000 à 6 000 €.
Cette caravane a toutefois le mérite de donner la parole aux sans voix, une idée chère aux fondateurs de Carmen, deux travailleurs sociaux qui, dès 1984 à Amiens, ont utilisé la vidéo comme outil de médiation sociale. Depuis, l’association, membre réseau Emi-Cycle, est devenue un acteur de référence dans l’éducation aux médias.
Thierry Bercault
(1) Clémence Boulfroy, la directrice de l'association Carmen, a animé une conférence sur le thème "Choisir l'itinérance pour l'éducation aux médias" à l'occasion du Festival de l'info locale le 22 septembre 2022.