Comment la diplomatie lutte contre la désinformation

A l’occasion de ses 60 ans d’installation à Nantes, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est venu expliquer sa stratégie face aux menaces de désinformation. Petit aperçu des échanges qui se sont tenus mercredi 12 mars à Cosmopolis.

Depuis 2022, le Ministère des Affaires étrangères, le Ministère de la Défense et le Ministère de l’Intérieur ont décidé de se coordonner à travers le COLMI pour caractériser la menace et riposter aux influences malveillantes visant à déstabiliser le modèle français.

 «Nous ne ripostons pas systématiquement»  affirme Arthur Des Garets, du bureau de la communication stratégique. «Nous avons une feuille de route et nous répliquons quand les campagnes de désinformation nuisent à l’image de la France à l’étranger» 

 Exemple cités : la dénonciation du rôle de l’Azerbaïdjan dans la crise à Mayotte ou de celui des russes dans les élections en Roumanie. 

Ces dénonciations publiques se font en coopération avec l’Europe, l’OTAN et le G7. L’objectif est clair : occuper le champ médiatique.

Des médias certifiés dignes de confiance

Autre axe stratégique : soutenir les médias français à vocation internationale comme RFI et France 24 mais aussi favoriser la production d’informations fiables à l’étranger. Exemple : des aides à la création d’une plateforme de fact- checkers en Afrique de l’Ouest ou à la création d’une plateforme d’éducation aux médias en Europe de l’Est (TALMIL). Le Ministère des Affaires étrangères encourage également la Journalisme Trust initiative conçue par Reporters Sans Frontière. Il s’agit de labelliser des médias d’investigation qui font leur travail en suivant  des normes professionnelles et éthiques. Après un audit interne et externe,  ces médias reçoivent une certification. 

 «Une fake news a six fois plus de chance d’être vue qu’une information vraie», indique Kenza Yousfi, de la sous-direction culture et médias. «Avec ce label, nous pouvons demander aux réseaux sociaux de changer leurs algorithmes pour redonner un avantage concurrentiel aux médias dignes de confiance.»

Les signaleurs de confiance

Dans le même esprit, l’Europe avec son Digital Services Act,  les Affaires étrangères, et l’ARCOM, le régulateur de l’audiovisuel et de la communication numérique, demandent au réseaux sociaux de réévaluer les «signaleurs de confiance» qui agissent pour protéger les enfants et lutter contre le cyber harcèlement. Exemple  : l’association e-Enfance.

Pour notre diplomatie, la désinformation est un combat stratégique mais c’est aussi l’affaire des citoyens. Pour démêler le vrai du faux, il faut adopter la méthode journalistique : vérifier les sources, les recouper et se poser la question : à qui profite cette information ?