Retour sur l’apéro de rentrée au Médiacampus

Lancer son propre média. Beaucoup en rêvent. Eux l’ont fait. Mais au quotidien, être entrepreneur n’est pas toujours simple. Focus lors de notre apéro de rentrée sur les lancements d’Ecopolitan et de Médiacités, deux titres fraichement arrivés sur la place nantaise.

Nelly Lambert
C’est au Médiacampus, nouveau QG du Club, qu’a eu lieu l’apéro de rentrée jeudi 21 septembre. L’occasion de revenir sur la création de deux nouveaux médias avec leurs fondateurs : Ecopolitan piloté par Nelly Lambert, ancienne rédactrice en chef de Plein Ouest, le magazine de la CCI de Nantes et Médiacités, journal en ligne d’investigation locale créé dans plusieurs métropoles (Lille, Lyon, Toulouse, Nantes) par un collectif d’anciens salariés de l’Express et de l’Expansion. Sa déclinaison nantaise est gérée par Benjamin Peyrel et Yves Adaken. Ligne éditoriale, fonctionnement, modèle économique… tous les sujets ont été évoqués, sans tabou… ou presque !

Choisir sa ligne éditoriale

mediacitésPour Benjamin Peyrel et Yves Adaken, Médiacités est un nouveau départ. Les deux journalistes ont quitté l’Express lors de son rachat par Patrick Drahi. « Nous voulions faire le journalisme que l’on souhaitait : de l’investigation en région. Évidemment, personne ne nous a attendu pour le faire. Il faut arriver à trouver des sujets qui font parler. Ce ne sont pas forcément des scoops, mais des sujets qui titillent, qui posent question. » Le lancement d’Ecopolitan est aussi un tournant dans la carrière de Nelly Lambert. Avec ce bimestriel papier, la journaliste veut décrypter l’économie ligérienne en se différenciant des titres existants. « L’objectif n’est pas de couvrir l’actualité chaude, mais de prendre de la hauteur sur les sujets avec des articles de fond. »

Un nouveau métier

Benjamin Peyrel et Yves AdakenJournalistes de métier, ces trois néo-entrepreneurs des médias partagent le même constat. Passer du journalisme à l’édition n’est pas chose évidente. « C’est un nouveau métier à apprendre, avec d’autres problématiques que l’éditorial à gérer, comme la régie publicitaire, les ventes ou la communication », résume Nelly Lambert. Médiacités comme Ecopolitan sont commercialisés sur abonnement, un modèle économique qui n’est pas forcément des plus simples à mettre en place. « Faire des scoops c’est bien, mais il faut aussi savoir les vendre. Aussi, nous avons constitué une équipe aux compétences multiples. Convaincre le grand public n’est pas évident… Et cela prend du temps. Mais il y a du potentiel avec les collectivités », précise Benjamin Peyrel. Même constat pour la fondatrice d’Ecopolitan, positionnée sur une cible BtoB. « Du côté des abonnements, c’est plus long que ce que j’avais imaginé au départ. Mais sur le 3è numéro, j’arrive à atteindre l’équilibre avec la publicité. »

Le modèle économique

ecopolitanCette source de revenus, Médiacités s’y refuse. Et affiche clairement, dans son manifeste, sa volonté d’indépendance. Lancé à Lille en décembre 2016, le média s’est déjà déployé à Lyon, Toulouse et depuis peu Nantes. Il se donne trois ans pour atteindre l’équilibre, estimé entre 3 500 et 5 000 abonnés par ville. En attendant, l’Entreprise solidaire de presse d’information compte lever des fonds pour assurer son développement. Outre l’intérêt pour le projet, les investisseurs potentiels peuvent aussi être attirés par la perspective d’une déduction fiscale… Nelly Lambert, qui s’est lancée seule dans l’aventure de l’entrepreneuriat, a investi 30 000 € en fonds propres dans Ecopolitan, en appui d’un prêt bancaire. Volontairement, elle n’a pas eu recours au financement participatif, jugé chronophage. Et assume le modèle de rémunération des pigistes auxquels elle fait appel. « Aujourd’hui, ils sont payés en facture à 115 € le feuillet. Pour un média qui se lance, le coût est moindre, c’est plus sécurisant. » Du côté de Médiacités, on évoque un feuillet d’une moyenne de 100€ bruts, ce qui représente environ 1 000 € pour un long format.

Que le pigiste se rassure : si Médiacités comme Ecopolitan travaillent déjà avec plusieurs journalistes locaux, leurs rédacteurs en chef se disent ouvert à toutes nouvelles collaborations.

Maureen Le Mao