Le vote pour les représentants des journalistes à la commission de la carte (CCIJP) a lieu du 14 octobre au 15 novembre. Mardi 8 octobre au médiacampus, le club de la presse avait répondu à l’appel lancé par les représentants SNJ pour débattre de cette élection en compagnie de représentants d’autres syndicats (SNJ-CGT et CFDT-Journalistes).
Très peu de participants pour cette rencontre mais un seul message : « Il faut voter ! » Il s’agit pour les titulaires de la carte de presse d’élire les correspondants en région qui étudient les demandes de carte, mais aussi les représentants dans les instances nationales. Ce qui peut paraître très administratif et sans enjeu au premier abord ? La faible participation à cette rencontre reflète-t-elle le manque d’intérêt de la profession pour cette instance ? « Il y a une méconnaissance de la commission de la carte chez les jeunes journalistes », déplore Emmanuel Poupard, du SNJ. « Certains voudraient que la commission ait un rôle déontologique, ce n’est pas le cas, mais elle a un rôle actif dans la défense du statut des journalistes ».
Pour les journalistes en poste, le renouvellement peut sembler une simple formalité prise en charge par l’employeur. Pour les jeunes et les pigistes ou indépendants, il peut être synonyme de galère, avec de nombreux justificatifs à fournir. Chaque dossier de demande de carte prend en compte trois critères d’attribution : plus de la moitié des revenus, la nature de l’employeur et du travail effectué.
Une vigie pour l’évolution du métier
Bertrand Boyer, candidat SNJ pour un second mandat et suppléant de Tifenn Thebaud, participe à l’examen de dossiers : « En région la majorité des dossiers, ce sont des jeunes qui n’entrent pas forcément dans les critères. Cela nous permet d’être une vigie sur la façon dont se comporte le monde des médias. C’est un poste d’observation des employeurs ».
« Les journalistes ont souvent l’impression que la commission de la carte réalisait uniquement un travail technique. Mais une partie du travail des élus à la commission consiste à faire évoluer les règles d’attribution”, précise Eléonore Duplay du SNJ CGT.
« Il s’agit notamment de protéger les plus fragiles, et pour cela, nous sommes à l’affût de l’évolution des métiers et des conditions de travail », confirme la candidate régionale du SNJ CGT, notamment attentive à la prise en compte des revenus du chômage par la commission, reflet de la précarité de la profession. Vigilance également quant au statut des journalistes français à l’étranger, souvent sous droit local. Sur ce point, le SNJ-CGT et la CFDT assument d’avoir bataillé pour un traitement spécifique par la CCIJP, dérogatoire au salaire, le temps que le législateur s’empare de la question.
Des salaires ou des droits d’auteurs ?
Autre débat qui anime les journalistes élus : La commission doit-elle prendre en compte les revenus issus des activités d’éducation aux médias ? « De notre côté, nous avons demandé et obtenu la création d’un groupe de travail sur le sujet, et nous avons commencé à travailler en intersyndicale, pour que cela puisse compter dans la part presse des revenus. Mais il y a des disparités dans les contenus proposés et le type de rémunération sur ces activités », prévient Yoann Labroux Satabin, représentant de la CDFT.
Les échanges ont également porté sur les cas des journalistes hors rédaction qui publient leurs enquêtes en livre : « un éditeur n’est pas une entreprise de presse. La commission travaille au cas par cas », rappelle Olivier Samain, élu SNJ sortant de la commission de 1ere instance. « Nous nous sommes toujours réticents à faire un entorse au principe du paiement en salaire ». « On peut au contraire considérer qu’une enquête payée en droit d’auteur (de façon légale, puisque c’est de l’édition) ne doit pas empêcher d’avoir la carte, dès lors qu’elle est liée au travail journalistique du demandeur et que celui-ci garde un lien avec une rédaction » lui oppose Yoann Labroux Satabin (CFDT)
Un représentant de FO Journalistes avait été invité mais n’a pu être présent.